
“Il y a dans le passé le plus lointain une poésie qu’il faut verser dans les jeunes âmes pour y fortifier le sentiment patriotique. Faisons-leur aimer nos ancêtres les Gaulois et les forêts des druides, Charles Martel à Poitiers, Roland à Roncevaux, Godefroi de Bouillon à Jérusalem, Jeanne d’Arc, Bayard, tous nos héros du passé, même enveloppés de légendes car c’est un malheur que nos légendes s’oublient, que nous n’ayons plus de contes du foyer, et que, sur tous les points de la France, on entende pour toute poésie que les refrains orduriers et bêtes, venus de Paris.
Un pays comme la France ne peut vivre sans poésie.”
Ernest Lavisse, 1887
Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire
La poésie d’accord, mais ces ancêtres là ? Comme le jeune bambara des années 50 nous sommes tous aujourd’hui dubitatifs quant à notre filiation avec les Gaulois, Jeanne et Bayard luttant contre leurs voisins, ou avec Charles, Roland et Godefroi tuant au nom de la religion. Ce n’est pas nouveau, au 20e siècle déjà on inventait l’Europe, l’éducation était civique et cette vieille histoire était jugée névrotique car elle excluait les sujets mêmes qui étaient censés l’intégrer. On en élabora alors une autre, plus neutre, qui démystifiait les héros tout en conservant les grandes lignes et les dates clés. Or, ce que nous n’avions pas redouté arriva... Nous avions jeté le bébé avec l’eau du bain : l’Histoire n’intéressait plus personne. On avait creusé un tel déficit affectif dans la transmission, un si cruel manque de sensibilité et de reconnaissance que ni la société ni l’individu ne se servait plus de l’Histoire pour s’élever.
C’est donc logiquement que certains tentent aujourd’hui de réactualiser la caduque conception du 19e siècle, arguant que n’importe quelle attitude prévaut face à la véritable menace : une société sans passé commun, sans Histoire Nationale. Communément en France on considère comme vraie l’idée que depuis les années 60 tout s’est accéléré et que l’apparition de nouvelles catégories sociales tels les immigrés, les femmes émancipées et les homosexuels est venue ébranler le modèle français traditionnel de façon inédite. S’ouvre ensuite le combat médiatique d’un possible contre un autre, entre pessimistes et optimistes, selon qu’ils projettent l’implosion du pays ou sa régénération, et le débat piétine. Mais la situation est elle effectivement si ahistorique que ça ? Et si notre société non plus n’avait jamais été moderne ?
Car en réalité il existe bien un peuple, qui vécut il y a très longtemps sur notre beau territoire hexagonal, chez qui l’on retrouve ces habitants multi-ethniques, ces femmes indépendantes et ces genres troublés... Une tribu pleine d’irréductibles héros taillés pour repeupler nos contes du foyer post moderne... les Français ! Les vrais, les incontestables, ceux du 14 juillet 1789.
Voici quelques une de leurs histoires...
“L’enthousiasme est par excellence l’arme des impuissants. Ceux qui chauffent le fer pour le battre immédiatemment. Nous voudrions chaufffer la carcasse de l’homme et partir. Peut être arriverons nous à ce résultat : l’Homme entretenant ce feu par auto-combustion. L’Homme liberé du tremplin que constitue la résistance d’autrui et creusant dans sa chair pour se trouver un sens”
Frantz Fanon
L’Histoire appartient à ceux qui s’en emparent. Cela implique de travailler de manière concommitante deux dimensions :
L’accessibilité des savoirs
La production d’images
Notre démarche ne peut être conventionnelle. Elle suppose l’uitlisation de supports divers (imprimés, vidéos, oraux, web), la mise en réseau de professionnels hétéroclites (chercheurs, artistes, techniciens) et une grande porosité des approches.